« Ouais… On dirait pas comme ça, mais j’suis une late bloomer. Mais bon, je me suis bien rattrapée, depuis. » Je lève les yeux au ciel, plus amusée que jalouse - pour une fois. Mais je suis bien consciente de son attractivité, j’en ai moi-même fait les frais.
Une fois installées sur la plage, je dégaine le bikini et m’installe sur ma serviette. Je n’ai même pas eu le temps de penser que Tegan aurait pu me mettre de la crème solaire, que déjà elle le propose. Je ne vais pas refuser, ce serait criminel. Le tube dans les mains de la jeune comédienne, je me mets à l’aise et me détends totalement, mes mains sous mon visage, les yeux clos. Ses mains son froides et je frissonne sous le premier contact, mais avec le soleil déjà brûlant, c’est loin d’être désagréable. En même temps, je ne vois pas ce qui le serait, tant qu’il s’agit d’elle. Son application se transforme en massage, et je me laisse totalement aller. Pourtant, chaque fois qu’elle s’approche de ma poitrine ou qu’elle descends dans la chute de mes reins, je sens le désir remonter d’un niveau. Je ne dois surtout pas repenser à ce matin, sinon je suis foutue. Elle descend d’un étage pour faire le bas de mon corps, je souris intérieurement de sentir qu’elle évite soigneusement mon postérieur, mais lorsqu’elle s’y attelle, une partie de moi aurait - presque - préféré qu’elle ne s’y aventure pas. Parce que je brûle de l’intérieur à cet instant précis. J’emprisonne discrètement ma lèvre inférieure entre mes dents, et me retiens de me contracter de tout mon long pour ne pas lâcher un gémissement impromptu. « Tu dors ? » demande-t-elle à mon niveau, après avoir déposé de la crème sur le bout de mon nez. « Je vois pas comment je pourrais… » lui dis-je dans un souffle, un sourire au coin des lèvres. « Tu veux que je fasse l’autre côté aussi ? » Cette fois c’est un rire qui s’échappe. Pas que je n’en ai pas envie mais… « Ce ne serait pas très judicieux… » Surtout quand on sait comment a commencé la journée. Je ne dis pas que je ne veux pas réitérer, je pense juste que rester dans cet entre deux est tellement grisant, que j’ai envie de le faire perdurer un peu. Son nez qui effleure ma peau me fait frissonner davantage, je ne vois pas comment j’arrive à lui résister aussi bien. Franchement ? Il me faudrait une médaille. « Ou… sinon, tu peux faire mon dos. Avant qu’il se transforme en steak. » Nouveau rire. « On va faire ça. » Avant que je ne me me mette à bouillir, pour une autre raison que le soleil.
Je me redresse sur mes coudes, et ce n’est qu’à ce moment là que je me souviens que j’avais défait les lanières de mon haut de bikini. Oups ? Deux options, le remettre, ou tenter le topless, à nos risques et périls. Je dis bien ‘nos’. Je choisis de le remettre, et me redresse finalement, avant de me saisir de la crème. Lunettes sur le bout du nez, je lui fais signe de s’installer à son tour, sur la serviette qu’elle avait étendue un peu plus tôt, collée à la mienne. A genoux près d’elle, je dépose de la crème dans le creux de mes mains et les appose sans tarder sur son dos, pour lui faire profiter de ce petit moment de fraicheur agréable. Je n’ai pas les mains froide, mais la crème l’était un peu. Mes mains parcourent son dos, je prends bien soin de n’oublier aucun centimètre carré, et je souris en la sentant frétiller légèrement quand je passe à des endroits plus chatouilleux. « On dirait un petit poisson sorti de l’eau… » Pourquoi tout ce qu’elle fait ou dit me fait craquer ? Sérieusement ? Je m’attelle au bas de son corps sans trop m’attarder au risque de fondre - toujours pas à cause du soleil. « Et voilà. J’ai pas fait les fesses, c’est un acte délibérément stratégique. » J’accroche le regard qu’elle me tend, et dans un sourire, je lui balance, l’air faussement innocent « Si tu prends un coup de soleil, je t’aiderai à mettre la crème après-soleil. Stratégiquement, on met plus longtemps de l’après-soleil, alors que la protectrice on ne la met qu’une fois. » Oui. Je suis bien en train de dire que j’ai calculé combien de fois je pourrai potentiellement lui masser les fesses. Je dois m’excuser ?

Je préfère qu’on s’en tienne là, la simple imagination qu’elle puisse me masser le ventre et tout ce qui se trouve sur cette face-ci de mon corps me donne une vague de chaleur incontrôlable. Non. Au lieu de ça, je vais lui rendre la pareille. « Sois douce, s’il te plaît… C’est ma première fois. » Je ne peux me retenir de rire. Sa première fois, mon oeil. « Je ne saurai pas être autrement que douce. » Bien qu’on sait elle et moi que quand il ‘agit d’autre chose, je peux montrer une toute autre facette. La première - et unique fois - que nous avons dépassé les limites de notre amitié, je ne me souviens pas de tout, juste du bien être et de cette liberté que j’ai pu ressentir. Je me sens encore un peu cotonneuse en y repensant, mais il vaut mieux ne pas m’attarder sur ces souvenirs. Je prends des risques.
Je m’amuse de voir Tegan se dandiner sous mon application de crème, à croire que certaines parties de son corps sont bien plus sensibles et chatouilleuses que je ne l’aurai pensé. Je prends bonne note. Une fois terminé, je lui avoue sans honte ma stratégie concernant ses fesses. Après tout, je ne vois pas pourquoi je m’en cacherai. Fut un temps, je n’aurai jamais avoué une chose pareille, mais les choses sont bien différentes aujourd’hui. « T’es en train de dire que t’es prête à me faire risquer un cancer de la peau pour arriver à tes fins ? » JE lève les yeux au ciel. « Tout de suite les grands mots… » Mais si elle s’insurge, je peux lui mettre sa crème sur les fesses ! Elle se redresse alors que j’ai repris ma place sur ma serviette, et je me fais violence pour ne pas regarder le moment où elle remet son bikini. « Mais tu sais, t’as pas besoin de ce genre de stratagème si t’as envie de me peloter le cul. C’est toujours open bar pour toi, babe. » Mon coeur s’emballe. Dit comme ça, j’avoue que ça donne une toute autre dimension. Non non, arrête de penser à ça, Ruiz, c’est pas le moment de virer coquelicot. La jeune femme s’approche pour déposer un baiser à la lisière de mon cou, et là clairement, je sens le feu grandir en moi. J’ai même arrêté de respirer. Elle veut ma mort. Je ne vois que ça.
Tegan s’est retournée, face au lac, pendant que je tente de reprendre mes esprits. En vain. En même temps, comment voulez vous alors que j’ai ses fesses en ligne de mire, pile sur mon horizon visuel. « Tu viens ? T’as aussi le droit de faire du topless, personne te dira rien. » Je ricane un peu. Evidemment qu’elle ne dirait rien, au contraire elle n’attend que ça. Mais ce serait laisser la porte ouverte sur un possible débordement. Je crois que l’infime partie un peu masochiste de mon être voudrait laisser planer encore un peu cette alchimie, ce désir latent… « Tu aimerai bien… » répondis-je d’une voix taquine, avant de me lever pour la rejoindre dans l’eau. Je rentre avec un peu moins de facilité qu’elle, il faut dire que ma peau est brûlante, et l’eau du lac un peu fraîche. Remarque, baisser un peu ma température corporelle, je ne dis pas non. J’avance alors que Meeko fait des allers-retour entre la terre ferme et le niveau où se trouve Tegan. Inépuisable. Finalement, je me laisse couler dans l’eau dans un soupir de bien-être. Quelques minutes de quiétude, je me laisse flotter un instant, les yeux clos, en me concentrant seulement sur les bruits de la nature.
Soudain, je sens la truffe froide du dolmen retriever sur ma joue, et je remets les pieds par terre. L’eau m’arrive aux épaules, déjà. J’ai peut-être un peu dérivé, mais Tegan n’est pas très loin, alors tout va bien. Une idée me passe par la tête. Je sais qu’elle a lancé ça tout à l’heure en pensant que je ne serai pas capable de faire du topless. On va voir. Je défais les boucles de mon bikini, et interpelle Meeko. « Va chercher ! » Je lui lance le bout de tissus, qu’il s’empresse de ramener à sa maîtresse. Ne reste plus qu’à attendre qu’elle comprenne ce que c’est…

Cette journée semble hors du temps. Comme un 29 février, mais encore plus particulier. Je ne saurai dire exactement ce qu’il s’est passé au niveau des planètes pour que tout soit aligné de cette manière, tout soit aussi fluide, naturel et agréable. Depuis que j’ai ouvert les yeux ce matin, je me sens comme cotonneuse, comme si tout ça n’était pas réel et que de fait, je pouvais faire à peu près tout ce que je voulais. Etrange n’est-ce pas ? Peut-être est-ce effectivement un rêve. Remarque, ce ne serait pas la première fois que je rêve de Tegan dans en ces termes.
Une fois la jeune femme rejointe à même le lac, je m’amuse à un jeu qui je sais pourrait être dangereux. Débarrassée de mon haut de maillot, je mission le chien fou d’aller ramener le morceau de tissus à sa maîtresse, ce qu’il fait sans tarder. Brave bête. Tegan ne retourne vers moi, surprise, et ris, comme une enfant. L’eau jusqu’aux épaules, elle ne peut pas voir grand chose pour le moment, mais je me doute bien qu’elle n’en restera pas là. « Je crois que j’ai oublié de te dire… Il paraît qu’il y a un monstre dans ce lac, et il est hyper dangereux. » Je fais mine de m’inquiéter dans une mimique très exagérée, absolument pas digne d’une actrice. Mais très vite je reprends mon sérieux et ajoute « Si tu veux jouer à sauver la demoiselle en détresse, tu n’y arriveras pas comme ça. » Et je sais qu’elle le sait. « Tu me crois pas ? » J’arque cette fois un sourcil, parfaitement immobile, alors que la jeune femme commence à nager autour de moi. Mains sur les hanches, je ne fais que tourner la tête pour la suivre du regard. « Tu vas me donner le tournis. » Mais comme si ouvrir ma bouche avait sonné l’alerte, la voilà qui disparaît. Je la suis des yeux, ou en tout cas sa silhouette, et sens très vite ses mains se poser sur mes hanches. Je retiens mon souffle, ferme les yeux lorsqu’elle remonte ses mains sur mon buste entièrement nu. La voilà qui remonte à la surface et son corps désormais collé au mien, je tente de respirer correctement, même si c’est de plus en plus difficile. « Maintenant, tu me crois ou pas…? » Les yeux toujours clos, mon visage arbore un fin sourire, alors que je ne parviens pas à retenir les frissons dus à sa proximité. « Il est peut-être dangereux, mais il ne me fait pas peur… » Mes mots sortis dans un souffle, presque un murmure, sont un lourd sous-entendu sur la suite des opérations.

Jusque là, j’avais peur. Peur de ce que je pouvais ressentir pour elle et avec elle. Peur de me lancer dans quelque chose sentimentalement parlant alors que de son côté elle n’était prête qu’à papillonner. Peur de perdre cette place acquise dans son quotidien. Mais ces peurs se sont étiolées avec le temps, et aujourd’hui je me sens pousser des ailes. « En plus, il est gourmand. » Ma tête penchée sur le côté, je lui laisse toute la place d’embrasser ma peau comme elle le désire. L’écartement soudain de mon bas de maillot de bain fait entrer l’eau et m’électrise, alors que tout le bas de mon corps est contracté par le désir. Ma respiration s’accélère à mesure que son autre main s’approche de ma poitrine, je viens joindre ma main à la sienne, entrelaçant nos doigts. Sur le chemin pour la guider vers mon sein gauche, alors que je peux sentir la morsure légère sur mon épaule. Je suis sur le point de flancher, je retourner et l’embrasser à pleine bouche lorsque la vie décide autrement. « Meeks, non !!! » Je viens de perdre un tympan.
Tegan s’élance à la poursuite de Meeko, me laissant plantée là avec une frustration sans nom. Je me perds quelques secondes dans l’eau du lac pour faire redescendre la pression et la température. De toute façon, les suivre dans cette course folle n’aurait aucune utilité, autant attendre qu’ils reviennent.

Après une dizaine de minutes, je commence à m’impatienter et pire m’inquiéter. Je n’avais pas du tout imaginé les choses de cette manière. De retour sur la terre ferme, avec un demi maillot de bain, je prendre le temps de me sécher et enrouler ma serviette autour de mon buste, le temps de les voir revenir. Heureusement ils ne tardent pas, et Meeko vient me gratifier de sa présence en essayant de me rouler une pelle. Malheureusement pour lui, ce n’est pas de sa langue dont j’ai envie… Bref. « Personne n’est blessé ? Personne n’est mort, tout va bien ? » Tegan s’est élancée pieds nus dans l’orée de la petite forêt, j’espère qu’elle ne s’est pas fait mal. Après être rassurée sur le sujet, je pourrai me rendre compte à quel point je suis toujours aussi frustrée que le moment de tout à l’heure ait été interrompu. Autant ce matin à la maison j’ai fait le choix de ne pas succomber, autant tout à l’heure j’étais vraiment au bord du gouffre, prête à me jeter dans la gueule du loup.